Les carnets, journaux et notes de guerre tenus par les combattants constituent la plus précieuse source des historiens dans la mesure où ils traduisent un retour d'expérience et permettent ainsi une entrée dans l’histoire « par le bas ». En effet,ces documents sont exempts de la sécheresse des archives administratives et en retirent un caractère de « vécu » conférant une épaisseur humaine au récit historique et permettant au lecteur d'établir une empathie avec leurs auteurs, à un siècle de distance.
Les Carnets de Georges Villa n’y font pas exception : 8 petits volumes de 400 pages environ rédigés d'une plume soignée et claire entre le 12 juillet 1914 et le 22 janvier 1919 avec néanmoins un hiatus dans la première année de guerre lorsque le lieutenant Villa combattait dans l’infanterie. L'écriture en est simple et concise sans prétention littéraire ni recherche stylistique particulière. Pris dans la
continuité, ces Carnets sont l’œuvre d’un diariste de circonstance qu’il importe de lire à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il s'agit d'un document privé écrit dans l'intimité des nombreux moments de loisirs voire de profond ennui que laissaient la vie militaire, dans diverses circonstances et suivant ses multiples affectations, son intention première étant de servir de support de mémoire à son auteur.