« Ma première jeep, je l’ai vue le 23 août 1944 à Toulon. Elle appartenait – je le saurai beaucoup plus tard – au 3e escadron du 1er régiment de fusiliers marins qui s’était infiltré vers les quartiers du cap Brun… »
C’est ainsi que l’auteur a découvert ce merveilleux petit véhicule qui servira soixante ans au sein de l’armée française, participant à trois conflits majeurs et à de nombreuses opérations extérieures.
Ces « drôles de petites voitures » séduisent les Français, dès leur arrivée en Algérie en 1942, par leur maniabilité, leur robustesse et leur capacité à franchir les pires obstacles. C’est donc avec ces merveilleuses voitures que le Corps expéditionnaire français part en Italie. En France ensuite, puis en Allemagne, les jeeps sont omniprésentes, quelques fois bridées par le climat rigoureux des Vosges et de la plaine d’Alsace, mais toujours prêtes à bondir dès que la météo est plus clémente. La paix revenue en Europe, les jeeps demeurent avec les troupes en occupation en Allemagne et accompagnent celles qui sont rapatriées en Afrique du Nord ou envoyées en Indochine. Au cours des neuf années que dure le conflit indochinois, face à un ennemi agressif qui ne cesse de se renforcer et sur un terrain généralement peu propice, l’emploi des jeeps se trouve limité dans la plupart des cas aux liaisons et aux escortes de convoi.
Outre-mer, où les routes sont rares et les conditions climatiques souvent difficiles, les jeeps – comme les premiers temps dans le désert libyen ou tunisien – retrouvent leur importance grâce à leur capacité à se jouer des obstacles et à leur légèreté qui leur permet de passer là où un camion ou une automitrailleuse ne le peut.