Le 26 juin 1940, le général de division Keller, inspecteur des chars, écrivait : « Les unités de chars ont fait tout leur devoir. En toutes circonstances elles ont magnifiquement rempli leur mission. L’efficacité de leur action a été reconnue par l’adversaire lui-même.
Partout où elles ont été engagées l’ennemi a dû stopper ou ralentir son avance. Elles n’ont succombé que sous le poids du nombre, après avoir combattu jusqu’à l’extrême limite de leurs forces. Il importe que l’histoire garde la trace de ces faits, car ces faits comportent des leçons que chacun doit connaître ».
Ces mots, écrits après la plus terrible défaite de l’histoire subie par la France et son armée, sont tout particulièrement justes pour les hommes de la 1re division cuirassée.
Six mois plus tôt, le 16 janvier 1940, après des mois de tergiversation, cette grande unité est créée, et confiée au général Christian Bruneau qui, depuis longtemps, est convaincu qu’il faut doter l’armée française d’une véritable force cuirassée, puissante, autonome et conceptualisée.
Avec ses deux bataillons de chars lourds Renault B1bis, ses deux bataillons de chars légers Hotchkiss H39, son bataillon de chasseurs portés et son régiment d’artillerie tractée tout-terrain, le 1re DCr est alors la plus puissante grande unité de l’armée française.
Mise en place tardivement, elle n’aura pas le temps, malgré les efforts de son chef, de s’entraîner correctement et partira au combat, le 10 mai 1940, dans des conditions difficiles. Mise tout d’abord à la disposition de la Ire armée dans la trouée de Gembloux, elle changera de mission le 14 mai pour venir prêter main-forte à la IXe armée, enfoncée sur la Meuse de Dinant.
Engagée le 15 mai 1940, en dépit du bon sens et contre l’avis de son chef, le général Bruneau, elle subira le choc frontal des 5. et 7. Panzer-Divisionen et sera quasiment anéantie sur les hauteurs au nord du village de Flavion en Belgique.
Début juin, la 1re DCr sera reconstituée et confiée au général Welvert, avec seulement trois bataillons de chars, dont un seul lourd. Elle n’est plus alors que l’ombre de la magnifique unité qu’elle a été. Si la bravoure et l’abnégation dont ses hommes ont fait preuve, comme au mois de mai, sont indéniables, elle ne pouvait que sombrer inexorablement, emportée par la déroute de l’armée française tout entière.