Cet ouvrage résulte du groupement des cinq cahiers annuels successifs édités par l’ARDHAN de 2014 à 2018, avec le soutien de la commission du centenaire de la Grande Guerre.
Il remplace opportunément le livre ARDHAN n° 10, édité en 1999, maintenant épuisé, dont le sujet était limité à l’Aviation maritime française pendant la Grande Guerre. Cette fois, c’est l’ensemble de l’Aéronautique maritime qui est couvert avec ses deux composantes : l’Aviation maritime (les plus lourds que l’air) et l’Aérostation maritime (les plus légers que l’air).
Au début de la guerre, l’Aviation maritime est très modeste. Elle compte 26 pilotes et 14 hydravions. Deux escadrilles sont mises en place à Bonifacio en août et à Nice d’août à novembre, afin de surveiller l’attitude des forces italiennes dont la neutralité est vacillante. Une escadrille de Nieuport est envoyée à Port-Saïd, en novembre 1914 menant jusqu’en avril 1916, des missions le long des côtes de Palestine et en mer Rouge, pour surveiller et attaquer les forces turques qui menacent le canal de Suez. En janvier 1915, deux escadrilles sont créées à Dunkerque. Elles y coopèrent avec l’Aviation militaire sur le front des Flandres. À la demande de l’Italie, une escadrille d’hydravions est installée en juin 1915 à Venise et elle intervient à plusieurs reprises contre des navires et des sous-marins autrichiens, jusqu’en avril 1917.
L’Aérostation maritime reçoit ses premiers dirigeables en décembre 1915. Ils sont chargés de lutter contre les sous-marins, en coopération avec les hydravions. Les dirigeables de l’Armée sont transférés à la Marine en 1916 et 1917. Quant aux ballons captifs, munis d’une nacelle d’observation et remorqués par de petits bâtiments, ils apparaissent en avril 1917 et sont chargés du repérage de mines en zone côtière.
C’est à partir de 1917 que l’Aéronautique maritime va se développer considérablement dans la lutte anti-sousmarine. Les sous-marins allemands constituent pour la France et ses alliés une très grave menace, si bien que le ministre de la Marine crée, en juin 1917, une Direction générale de la guerre sous-marine à laquelle sont subordonnés tous les moyens navals et aériens concourant à la lutte contre les sous-marins ennemis. De très nombreux centres d’hydravions, de dirigeables et de ballons captifs sont alors installés le long des côtes de France et d’Afrique du Nord, en Grèce, au Portugal et même à Dakar.
À la fin de la guerre, l’Aviation maritime aligne près de 700 hydravions des types FBA, Donnet-Denhaut, Tellier, Georges Lévy, Hanriot, sans compter plusieurs centaines d’autres en réserve. Au total l’Aviation maritime aura reçu près de 3 000 appareils de 1910 à 1918. Ils sont répartis dans 36 centres comportant des postes de combat annexes. L’Aérostation maritime a en service plus de 200 ballons captifs répartis en 18 centres et 37 dirigeables sur 12 centres. Le personnel volant de l’Aviation maritime comprend 650 pilotes et 700 observateurs d’hydravions et d’avions, et celui de l’Aérostation comprend 100 pilotes de dirigeables et 500 volants sur dirigeables ou captifs.
L’ensemble des centres de l’Aéronautique maritime emploie 11 000 marins soit 7 % des effectifs de la Marine. L’Aéronautique maritime a considérablement gêné l’action sous-marine ennemie et ainsi remporté un véritable succès. C’est sa contribution première à la victoire.